«Between» est un projet du percussionniste Stephan Rigert. Une réunion transcontinentale qui pourrait ne ressembler à rien comme la majorité des rencontres musicales entre les traditions et qui pourtant rassemble tout.D’un côté Anindo Chatterjee, frôleur de tabla indien, génie du regard partagé, et Rupak Kulkarni, jeune souffleur de bambou, flûtiste hindoustani qui semble mener conversation lorsqu’il empoigne son instrument. De l’autre, Adama Dramé, djembé burkinabé, qui pince ses lèvres lorsqu’il touche à lame percussive, et Lassana Diabaté enchanteur de balafon malien, le meilleur de sa génération. Et il y a aussi Leon Duncan, bassiste jamaïcain qui respire dans le tempo, Marc Liebeskind, astucieux guitariste genevois. Le combo existe depuis trois jours et il suffit de trois coups du batteur pour que l’ensemble saisisse. La gageure paraît grande de marier sur une même scène des musiciens d’Inde et d’Afrique subsaharienne. Leurs traditions musicales se savent parmi les plus importantes de l’histoire, mais sont aussi lovées aux antipodes l’une de l’autre. Mais entre le djembé, peau de terre, et le tabla, peau d’éther, la relation s’impose. Adama Dramé provoque, de son grand fût, les doigts d’Anindo Chatterjee. Dialogues d’intuition. Le Bernois Stephan Rigert, créateur de fusion depuis plusieurs années, ne s’est pas contenté de jeter là quelques belles intentions. Il a demandé à Marc Liebeskind de composer un répertoire dévolu a cette formation. Une moisson de thèmes ou les timbres se marient, ou les usages de l’improvisation se confrontent. Il faut voir l’articulation fleuve de Lassana Diabaté succéder au phrasé rompu de Marc Liebeskind. Il faut entendre combien ce septet tente de transcender la séduction de la différence. Sept musicalités, plutôt que sept enracinés.” A.R